FEMININ
ET
INFINI
Sur des Poèmes de MichelCAZENAVE
Conférence de l’auteur
Suivie de lecture des poèmes
avec intermèdes musicaux
« Ce que j'ai essayé de retrouver, à la lumière de Jacques Lacan et de Carl Gustav Jung, c'est ce qui dans la structure féminine ouvre à la présence du divin et au sentiment d'infinité. »
Vendredi 28
septembre à 20h30
à l'Atelier du Verbe
17 rue Gassendi 75014
M°Denfert-Rochereau/Gaité
Réserv 06 26 24 90 59 / 01 71 60 00 35 / atelierduverbe@gmail.com
Albane Devouge
Forer jusqu’à ces mots
qui bouent au fond du corps
en tournant dans la chair
pour trouver leur issue !
Dès qu’on peut les écrire
ils sont déjà masqués :
le noir seul de mon corps
en connait le secret
dans l’écume indistincte
où
ils se sont fabriqué tout au fond
de l’obscur
Danièle Léon
Corps de femme :
le rien
extasié du néant
Et c’est comme
elle se tait
dans sa
chair
si tremblante,
que j’entends encore
mieux
les cris
de sa passion
Isabelle Turpin
Primavera Vera
Son corps est
comme la trace
de monde
invisible
qu'il me rend si présent :
dans le creux de sa taille,
le dessin
de ses hanches
et la ligne des jambes
sur les draps
étalées,
Les deux mondes
se joignent :
son âme
dans sa chair - et sa
chair
dans son âme -
comme l'icône
qui dévoile
le secret qu'elle dérobe
à l'instant
qu'elle le donne
Danièle Léon
On ne peut
que
s’ouvrir
à la femme
que l’on aime –
réception
d’absolu –
et,
devenir
le grand
oui
au destin
de ce monde
Isabelle Turpin
La naissance de l'Aurore
Et le jour
et l'obscur
de ton corps se rejoignent
et le bas
vers le haut -
et la pourpre et la bure`
de tes jambes satin :
Tu es
nuit de clarté,
Tu es vin d'aromates
que je bois
sur la berge
de tes lèvres pivoines
Tu es le luxe
d'amour
et le grand acquiescement
à ta taille
mouvante
Elle est l'aube naissante
des rameaux
enflammés
et des roses qui pleurent
sous l'azur de leurs rêves
Elle est l'aube
de ce monde comblé de
rubescence
où s'unit en mystère
à la Reine le Roi -
pour la pierre étincelle
d'un amour
hors du temps
Cécile Chavel
le Nouvel Athanor
Mon désert, mon parfum,
Mon encens et ma myrrhe,
Mon retour, mon regain,
Mon regard et mon rire
Ô amour, désirade,
Et mon âme charmée,
Tu es goût de grenade,
Tu es rêve incarné !
Haut amour, certitude,
Grand ouvert d'infini,
Que prolonge, celsitude,
La promesse du oui...
Si tes mains se retirent
De ma face fermée,
Quel est donc le martyre
De ce ciel refermé
O mon cœur de saphir
Ma mortelle blessure
Qui descend au nadir de l’étrange nature ?
Mon amour, ma professe
Ma lumière éclatante,
Mon autel où professent
L’espérance et l’attente !
Et parfois, quand tu ris,
Ton âme fugitive
Déjà prête et ravie
De la source d’eau vive,
Me fait ouïr, étourdi,
Dans un cri de mésange,
La couleur éblouie
Du seul rêve d’un ange.
Danièle Léon
Le silence de la femme, est parole
du divin
Danse de Célia. Dit par Suzanne
Je suis
la Grande Mère issue du puits du Temps,
le visage de gloire
du divin
dérobé,
La sagesse muette
qui attend aux carrefours
le mystère
et l'énigme,
la serrure et la clé,
la gardienne du seuil
aux chambranles d'ivoire
Et j'ai tant
de figures
de l'unique Secret,
qu'on me donne
aussi bien
dix mille noms différents
Je suis le papillon
et la fleur de maïs,
Epouvante
à la jupe où se dressent les serpents!
Dans la fleur de yucca
s'est posé le quetzal
Et des lianes épaisses
qui enrobent
mon coeur,
s'est dressé le diadème
d'où surgissent les astres
Isabelle Turpin
De tes jambes qui saignent,
de tes seins éclatés,
de ton ventre gonflé
où mûrit la naissance,
a surgi toute vie dans l'aurore de l'homme
L'enfance même s'oublie -
et pour mieux abolir
la mémoire des génèses,
nous voilons notre face du soleil de l'esprit
Mais tu demeures -
toi,
que la mémoire a gravée sur le flanc des abîmes,
sous l'obscure lumière
des cultures enfouies
et des lampes de la civilisation...
Tu es le rythme
archaïque
juste éclos de la terre,
le feulement des déluges,
la grande plaine des déserts,
le paradis antérieur
que convulse la foudre
Et des cercles de pierre
comme autant de phallus où tu danses enivrée,
en vérité je demande :
seraient-ils autre chose
que les bornes milliaires
de l'écho de ton rire ?
Cécile Chavel
Et pourtant,
Je suis noire,
O mes fils,
Mes fidèles !
Comme le cœur de l’orage
et le sang
déjà sec
qui décore
ma poitrine
Et je danse ma danse
d’où s’échappent les mondes
Dans le ciel encore
vide
de toute création :
Nue,
folle,
Ivre,
Echevelée
de mes mèches
qui me tombent aux hanches
(et le bout de la langue
qui dépasse au milieu
de mes dents éclatantes),
Tout aussi débridée
qu’une cavale
en chaleur,
Pleine de rêve
et d’extase,
Sous mes ongles de lune
et mes seins
érigés,
Vêtue d’air
et d’espace,
un diamant
qui balance
au milieu de mon front,
Je sème les
univers
et résorbe
en riant
les étoiles éteintes
Que j’avais dispersées
sans y faire
attention
Danse de Célia. Dit par Suzanne
Femme de lis effacée dans les nuits séculaires
Vous étiez permanence et témoin de la mer ;
Vous serez résurgence et témoin de l’écume,
Divine amante renée de la fièvre abolie !
Les cycles d’air et de feu se sont clos dans le Temps :
Le Continent s’est noyé sous la brumes des mémoires :
Toute trace est perdue à l’oubli des étoiles –
Et tu vivras à nouveau, loin des conques éclatées,
Dans la voix des prêtresses qu’aura suscitées l’eau
Colette Quarello
ISHTAR Déploration
Nuits glacées de la lune
la Déesse est partie
aux labyrinthes des grottes.
"Je verrai les génies des abîmes nocturnes (dit la Mère),
et dans ma barque de cèdre
qui remonte en silence au milieu des joncs blancs,
je navigue sans un mot,
recherchant les sirènes que le Temps a reprises.
Je dérange les mousses
et les crabes moroses
de ces mondes étranges de quand l'homme
n'était pas,
et je passe
insensible
aux ténèbres épaisses,
au chaos minéral d'où je me suis éveillée"
Tout est mort de vent froid :
il n'est plus que le sable
et les hommes qui errent
dans la nuit vacillante,
"Mais il faut (dit la Mère)
que je vienne là-bas : car je suis l'Antérieure,
l'Informe et l'Innommée."
Danièle Léon
La parole des dieux est issue du silence.
D’où, nécessité des sibylles.
Et toute femme amoureuse est toujours une sibylle –
Qui s’ignore plus ou moins.
On l’avait oublié ; le soleil est une femme.
Et l’homme en est le reflet, cette lune patiente
qui se fait labourer.
De quel esprit invisible ?
Dans les mémoires abolies de l’Humain le plus sùr,
Qu’il faut reconquérir en marchant sans arrêt vers la ligne d’horizon…
Albane Devouge
Ses mains sur
ma figure : tout le vent des fontaines
sur les cimes
muettes ;
ses mains dans
mes cheveux :
la caresse d’une aile
dans l’abîme du ciel ;
quelle plus haute jouissance
que la trace aérienne
de ces ongles
qui glissent
sur la chair de mon âme ?
Danièle Léon
Et comprendre
pourquoi,
quand je dis
qu’elle
est soleil,
c’est une métaphore
(bien sûr) –
Mais
Ce n’est pas que cela :
Elle
Est
Soleil
Chant « Kadosh » (Catherine Braslawsky) Cécile, Isabelle